Le pacifisme dans la vie et l’œuvre de Šayẖ al-Islām Ibrāhīm Niasse

Allocution prononcée par le Šayẖ Muḥammad al-Māḥī Cissé lors de la Conférence Internationale tenue à Dakar le 28-29 Juillet 2015 et organisée par la Fédération Ansaroudine, sur le thème : « La contribution de l’Islām à la diffusion continuelle de la paix ». 

Au Nom d’Allāh, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux.

Qu’Allāh soit loué, dont le Nom est la Paix ! Et que la bénédiction et la paix soient sur le Prophète de l’Islam, notre seigneur Muḥammad, qui appelle à le suivre vers la Demeure de la Paix, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et tous ceux qui suivront leur guidance jusqu’au Jour de la Rétribution. 

Ô nobles frères, son excellence, le Président de la République du Sénégal, Monsieur Maky Sall — qu’Allāh donne le succès à ses efforts pour conduire ce pays sur la voie du développement ! —, Monsieur Aḥmad Tawfīq, le Ministre des Affaires Religieuses du Royaume du Maroc, qui représente ici son excellence le Roi, le Chef des Croyants, Muḥammad VI, Roi du Maroc — qu’Allāh l’aide et le soutienne ! —, messieurs les Ministres, les Savants et les Chefs religieux, nos invités distingués qui proviennent de diverses contrées, très chers frères, que la paix soit sur vous, ainsi que la Miséricorde d’Allāh et Ses bénédictions. 

Introduction

Loué soit Allāh, qui nous a appelés à l’unité du rang et du discours, Celui qui a dit : {Et tenez-vous tous ensemble à la corde d’Allāh. Et ne vous divisez pas} (Cor 3:103). Et que la bénédiction et la paix soient sur celui qui a été suscité comme une miséricorde pour les mondes, ainsi que sur sa Famille et ses Compagnons, qui sont les meilleurs des hommes. 

Certes, c’est une joie et un bonheur pour moi que d’être ici devant vous, Messieurs, Dames, pour présenter mon allocution dans cette Conférence d’une importance extrême, qui se tient à un moment où les musulmans ont cruellement besoin de comprendre le message de paix transmis par le Coran et la Sunna. Mais avant de commencer à traiter le sujet qui nous concerne, à savoir la pensée et les prises de positions pacifistes du Šayẖ Ibrāhīm Niasse (RAA), je voudrais exposer en quelques mots, mais d’une façon absolument certaine, la position de l’Islam à l’égard de la paix, dans le but de montrer que le vrai musulman, lorsqu’il suit l’Islam de façon adéquate, n’enfreint le droit de personne. 

En effet, en Islam, la paix est la règle et la guerre l’exception. L’Islam appelle à la paix, déteste la guerre et pousse les gens à détester la guerre. Les versets du Coran et les paroles prophétiques s’accordent pour entériner l’idée que l’Islam est une religion de paix. Dans le Coran, on trouve à peu près 130 mots dérivés de la même racine que le mot « salām », qui désigne la paix en arabe. Quant au combat (qitāl), il a été défini par le Coran comme étant « détestable » (kurh) : {Le combat vous a été prescrit, bien qu’il vous soit détestable} (Cor 2:216). De même, Allāh a fait la grâce aux musulmans de leur épargner le mal du combat : {Et Allāh a renvoyé avec leur rage ceux qui ont mécru, sans qu’il n’aient rien obtenu. Et Allāh a épargné le combat aux croyants. Allāh est Fort et Puissant} (Cor 33:25). 

Le mot « guerre » (ḥarb) n’apparaît dans le Coran que six fois, puisqu’il est considéré en Islam comme l’un des mots les plus laids, comme cela a été rapporté dans un ḥadīṯ du Prophète r : « Le nom le plus aimé de Dieu est ʿAbd Allāh ou ʿAbd ar-Raḥmān. Et le nom le plus détesté par Dieu est Ḥarb (guerre) et Murra (amertume) ». Et il r a dit également : « Ne souhaitez pas la rencontre avec vos ennemis. Demandez à Allāh de vous en préserver et si vous devez les rencontrer, faites preuve de patience. Et sachez aussi que le Paradis se trouve à l’ombre des épées ». De plus, en Islam, la guerre ne peut être justifiée que lorsqu’elle est menée dans le but de défendre les faibles, contrer l’injustice ou préserver les lieux de culte, parmi lesquels il faut compter aussi les Synagogues et les Eglises. En effet, Allāh a dit : {Si Allāh ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les Eglises, les Synagogues et les Mosquées, où le nom d’Allāh est abondamment invoqué} (Cor 22:40).

  1. La pensée pacifiste du Šayẖ Ibrāhīm Niasse (RAA)

La pensée et les prises de position pacifistes du Šayẖ Ibrāhīm Niasse (RAA) ne proviennent que des enseignements du Prophète r, lequel incarnait l’Islam dans sa double dimension légale et doctrinale. Ainsi, les Savants ayant le degré le plus élevé, ceux qui se réclament de lui avec le plus de raison et transmettent le mieux son message, sont ceux qui colportent cet héritage, car comme dit un ḥadīṯ : « la science des Prophètes ne peuvent la porter après eux que les justes, ceux qui détruisent les interprétations des extrémistes et les prétentions des faussaires ». Ce sont eux qui transmettent véritablement le message du Prophète r, lequel était le meilleur des hommes quant à la bonté du caractère, le plus large de cœur parmi eux, le plus miséricordieux envers les serviteurs d’Allāh parmi tous Ses serviteurs ; il n’était pas injuste et nul ne pouvait commettre d’injustice auprès de lui ; il choisissait parmi les choses, les plus faciles, et parmi les comportements, les meilleurs ; et il disait : « Aux miséricordieux, le Miséricordieux fait miséricorde. Faites miséricorde à ceux qui sont sur terre, Celui qui est dans les cieux vous fera miséricorde ». 

Le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) lutta contre la violence, la guerre et le meurtre en s’attaquant à leurs causes. Et parmi les causes les plus importantes menant à la violence et à la guerre, on trouve l’esprit partisan (al-ʿaṣabiyya), qui était caractéristique de l’époque pré-islamique. C’est cet esprit partisan qui pousse quelqu’un à venir au soutien de son proche, sans même se demander si celui-ci a raison ou tort. Les Arabes de la période pré-islamique avaient ainsi l’habitude de dire que si l’un d’eux se fâchait, se fâchaient avec lui 100.000 de ses frères sans même lui demander pourquoi il s’était fâché. Un poète a dit : 

Ils ne questionnent même pas leur frère, lorsque celui-ci les appelle

Au combat, sur ses raisons et ses preuves.

C’est pourquoi le Šayẖ a commencé sa prédication en s’attaquant à l’esprit partisan, en imitant en cela le Messager d’Allāh (SAAWS). Il dit : « La première erreur qui par la suite a égaré toutes les sectes est l’erreur d’Iblīs lorsqu’il a dit : “Je suis meilleur que lui” ». Le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) a mis en garde ses disciples contre les vaines illusions suscitées par le fait de posséder de l’argent, une bonne lignée ou un grand nombre d’enfants. Il a dit : « Que le Šayṭān ne vous abuse pas en vous faisant enfler d’orgueil devant le nombre de vos biens et de vos enfants ou la gloire de vos parents et ancêtres, car en effet l’urine provient au départ de l’eau pure et saine ». Et de même que le Šayẖ (RAA) a établi le diagnostic de leur maladie, il leur a indiqué le remède correspondant. Après avoir montré à ses disciples quel est leur ennemi véritable, il leur a donné ce conseil pour que la paix se renforce au sein de sa communauté : « Donnez-vous à Allāh, Allāh Se donnera à vous ; et ne craignez pas la critique du censeur lorsque vous agissez pour Allāh. Que chacun de vous ait le cœur propre et qu’il ne tienne grief à personne pour quoi que ce soit, car nul n’a d’ennemi parmi tous les jinns et les hommes, si ce n’est son propre ego, qui est en lui-même. Celui donc qui veut critiquer, qu’il critique son ego ; et celui qui veut combattre, qu’il combatte son ego. Bienheureux sont ceux qui s’occupent de leurs propres défauts au point qu’ils négligent les défauts des autres. Néanmoins, cela n’empêche pas d’exhorter ses frères, ni de leur montrer leurs manquements lorsque cela est nécessaire ». 

De même, la politique, avec toutes ses dissensions, constitue l’une des plus grandes causes de la guerre. C’est pourquoi le Šayẖ (RAA) ne cessait de mettre en garde contre la politique dans son sens actuel, et il affirmait ouvertement que son mouvement n’était pas de nature politique. Il a dit dans l’un de ses prêches : « Faites attention, vraiment attention à ne pas vous engager dans la politique politicienne ! ». Voilà l’un des principes fondamentaux de la Fayḍa, vers lequel doit revenir tout membre de ce mouvement à tout moment. Cependant, malgré cela, le Šayẖ (RAA) s’est toujours soucié du sort du monde musulman et il avait l’habitude de dire que la politique, pour le musulman, doit se limiter à ce qui peut être utile à sa religion. 

Il martela ainsi à plusieurs reprises que l’esprit partisan et le racisme consistent à se croire supérieur et à mépriser les autres uniquement pour des raisons de nationalité ou de couleur. Celui qui tombe dans cet état d’esprit suit l’exemple d’Iblīs et met l’étroitesse de son intelligence au dessus du commandement divin. Quant à celui qui répond véritablement à l’appel du Coran, Allāh purifie de ces inepties son cœur, dont la pureté augmente proportionnellement à la force de sa foi et diminue proportionnellement à la faiblesse de sa foi. 

Le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) a établi les fondements de l’unité et du respect mutuel parmi les membres de sa communauté. Il regardait toute la création par l’œil de l’amour et du respect. Il disait : 

Certes cette création dans son ensemble est constituée des serviteurs d’Allāh.

Ne nuis pas, ô mon frère, aux serviteurs d’Allāh !

Tu ne serais pas content si quelqu’un s’en prenait à ton esclave,

Même si celui-ci avait fait quelque chose de mal. Crains donc ton Seigneur !

De même, il déclarait porter à tout homme une considération telle qu’elle excluait toute aversion dans son degré le plus bas et allait jusqu’à l’amour dans ses degrés les plus élevés. Il disait : 

Mon aspiration à l’égard de la communauté entière, c’est de la mener

Jusqu’à la Présence du Bienfaisant, le Miséricordieux, notre Dieu. 

Malgré cela, le Šayẖ (RAA) affirmait aussi que l’Islam ne sépare pas le religieux du politique dans le sens où il est possible aux hommes de religion d’être également des hommes politiques. Mais en s’engageant en politique, le Musulman doit avoir pour seul but l’élévation de l’Islam par ses dires et ses actes. Quant à celui qui participe à une politique s’opposant à la religion en vue d’obtenir des biens ou des honneurs, c’est comme s’il avait vendu sa vie dernière pour sa vie terrestre. Allāh, Allāh, Allāh, ô serviteurs d’Allāh ! « Dites la vérité, même si elle est amère ». 

Ainsi, le Šayẖ (RAA) considérait comme un principe de son engagement pacifiste le fait d’être en accord avec les hommes politiques dans tout ce qui n’a pas de conséquences négatives et dans tout ce qui ne touche pas à l’honneur de l’Islam.

  1. La divergence selon le Šayẖ Ibrāhīm (RAA)

La voie du Šayẖ Ibrāhīm (RAA) est fondée sur l’appel à Allāh moyennant la sagesse et le bon conseil, sur la multiplication et la création de liens et de points communs entre les gens, sur la suppression des causes menant à l’orgueil et à l’erreur, sur l’effacement des différences dans un esprit de rapprochement et sur l’acceptation d’autrui comme il est. Il disait (RAA) : « La divergence n’est pas interdite, car les hommes ont été créés pour diverger ». Allāh a dit des hommes : {Ils ne cessent d’être en désaccord entre eux, sauf ceux à qui ton Seigneur a accordé Miséricorde. Et c’est pour cela qu’Il les a créés} (Cor 11:118-119). 

En effet, on dit que la divergence entre les Savants est une miséricorde ; et que ce qui est interdit, c’est la division et non pas la divergence de vues. Quelqu’un peut comprendre quelque chose, puis quelqu’un d’autre autre chose de différent. Mais il n’y a rien de blâmable en cela. Ce qui est blâmable en revanche, c’est lorsque cela a un effet sur les cœurs et les emporte les uns contre les autres. 

Si nous méditons par exemple sur les divergences pouvant apparaître entre les gens, nous verrons vite qu’elles sont négligeables. Mais le Šayṭān et l’ego entrent en jeu, accroissent les différends et créent la zizanie et la division parmi les gens. C’est ainsi qu’agissent les ennemis de la religion : ils trouvent une communauté dans laquelle il y a de petites divergences entre différents groupes, puis ils s’y introduisent pour créer la division parmi eux. Il en va de même avec les différents groupes de l’Islam : les H̱awārij, les Šiʿītes et les Ahl as-Sunna wa-l-Jamāʿa. Si on médite sur le fondement de leur divergence, on s’aperçoit qu’il est minime et qu’en tout cas il ne permet pas à lui seul de provoquer l’inimité, l’hostilité et l’affrontement entre les différents courants de l’Islam. 

C’est ce qui explique que la plupart des maux touchant les musulmans aujourd’hui dans le domaine politique proviennent en vérité d’oppositions idéologiques et non pas religieuses. Chaque groupe prétend détenir à lui seul toute la vérité, comme si tous les autres groupes en étaient complètement privés. C’est ainsi qu’ils font naître dans le cœur de leurs adeptes l’aversion et la haine envers tous les autres, créant ainsi l’affrontement. Et ils finissent par détruire leur propre pays de leurs mains. 

En un certain sens, la pensée du Šayẖ (RAA) était en avance sur son temps. Il prévoyait déjà la mondialisation, puisqu’il décrivait le monde comme un petit village, dans lequel tout le monde partage le même intérêt général, les mêmes activités quotidiennes et les mêmes mouvements politiques et sociaux. Après, il ne reste que les spécificités religieuses, qui relèvent du choix individuel. C’est ainsi que la Šayẖ Ibrāhīm (RAA) décrit le monde dans un dialogue avec le Président de l’URSS, Léonid Brejnev. Et il dit de même dans l’un de ses prêches : « On peut représenter la relation entre le musulman et le non-musulman sous la forme de cette image : ils sont comme les gens d’un pays, chaque famille ayant sa résidence spécifique. Pendant la journée, ils partagent leurs occupations ; mais lorsque la nuit tombe, chaque groupe regagne son domicile. La maison du musulman, ce sont les pratiques religieuses obligatoires (wājib) et conseillées (mandūb). Quant au non-musulman, lui-même sait de quoi est faite sa maison. Et ce qui est permis (mubāḥ) pour le musulman constitue l’espace d’échange entre lui et le non-musulman. Ainsi, le musulman ne nuit nullement à l’athée, ni l’athée au musulman. Et il en va de même pour le chrétien ». 

En effet, la coopération est possible lorsqu’elle est fondée sur le respect mutuel et l’égalité réelle, lorsqu’il n’y a ni oppression, ni exclusion, ni exploitation, ni discrimination, car selon le ḥādīṯ « certes les hommes sont égaux comme les dents d’un peigne ». On peut également citer cet autre ḥādīṯ : « Vous êtes tous d’Ādam et Ādam est de poussière ». La vie terrestre est pour tout le monde et la vie dernière pour ceux qui font de bonnes œuvres. {Votre Seigneur sait mieux qui suit la meilleure voie} (Cor 17:84). {Dis : « Vous ne serez pas interrogés sur les crimes que nous avons commis, ni nous sur ce que vous faites ». Dis : « Notre Seigneur nous réunira, puis Il tranchera entre nous avec la Vérité, car c’est Lui le Grand Juge, l’Omniscient »} (Cor 34:25-26).

Ainsi, il ne peut y avoir de division ni de discrimination, que ce soit en raison de la race, de la religion ou de la couleur. Nul ne peut s’opposer légitimement à cette pensée lumineuse. C’est ainsi que le Šayẖ (RAA) réussit à rassembler autour de lui des millions de personnes distribuées sur toute la planète. Et pourtant aucun de ses adeptes n’a jamais porté d’armes, puisque le Šayẖ (RAA) n’a rien fait d’autre que de diffuser la paix partout dans le monde, étant particulièrement et véritablement attaché aux enseignements de la religion. Il disait : « Certes un pays peut fonctionner lorsqu’il est gouverné par un dirigeant mécréant mais juste. Mais il ne peut pas fonctionner lorsqu’il est gouverné par un dirigeant injuste, même si celui-ci est musulman ». Et lorsque l’Islam ou les faibles étaient attaqués, il prenait des positions fermes contre ces injustices, en s’opposant aux tyrans et à l’oppression. 

  1. Les positions pacifistes du Šayẖ (RAA) par rapport à la guerre

Le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) était un prédicateur qui appelait à l’Islam et à la Paix, même lorsque les combats faisaient rage. Par exemple, au moment de la guerre du Biafra, lorsque le Nigéria était sur le point d’être morcelé en deux Etats distincts : le Niger et le Nigéria, le Šayẖ prit des positions fermes en faveur de l’unité du territoire national du Nigéria, dans le but de servir sincèrement la communauté musulmane. Il dit dans l’une de ses lettres adressées à ses plus grands disciples au Nigéria : « Je demande à Allāh de vous éloigner de cette guerre et de ramener la sécurité, la paix et la stabilité dans votre pays. Le service que l’on se doit de rendre à l’Islam et à tous les peuples n’est possible que sous l’ombre de la paix, de la sécurité et de la stabilité. Personnellement, je pense que l’unité nationale du territoire nigérien est une question sacrée, à laquelle il ne faut pas déroger. Je pense que toutes les nations africaines devraient s’unir un jour pour faciliter la coopération et rendre l’entraide entre ces différents pays plus effective. Et en se fondant sur cela, on peut dire que celui crée la division, se sépare de la communauté et lutte contre l’unité nationale du Nigéria, est un ennemi public du Nigéria et de l’Afrique, et qu’il faut le combattre par l’arme de nos invocations. Ne négligez aucune arme à votre disposition dans ce domaine, à savoir celui des invocations ». 

Quel merveilleux discours ! Même au cœur des plus terribles crises, le Šayẖ (RAA) n’appelle aucun de ses partisans à prendre les armes par crainte de voir verser le sang des innocents. Il ne les exhorte qu’à porter les armes de leurs invocations et supplications et certes on a vu des prodiges provenant de ce genre d’armes !

Et dans une autre lettre adressée à as-Sanūsī, son Calife au Nigéria, il dit (RAA) : « Toute l’Afrique, et pas seulement le Nigéria, a besoin de s’unir. Et exhortez-vous mutuellement à la vérité, et exhortez-vous mutuellement à la patience ». De même, le Président du Nigéria à l’époque de la guerre de Biafra, Yakubu Gowon a déclaré que le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) l’avait personnellement assisté et avait œuvré en faveur du retour de la paix au Nigéria et de l’unité du territoire national. 

  1. Sa position concernant le jihād

Sa pensée concernant le jihād était, comme nous l’avons dit, qu’il n’y a de jihād que défensif : on ne peut faire la guerre en Islam que pour défendre la vie, contrer l’injustice et défendre les faibles. Le Šayẖ Ibrāhīm (RAA) a dit : 

J’ai survolé les mers débordantes et j’ai même

Survolé des cités et des métropoles, voire des montagnes.

Je cherche l’agrément du Créateur en prêtant main forte à Sa religion 

Et en donnant exemple à la génération montante.

Faible, malade et vieux, mais plus que jamais enthousiaste,

J’œuvre pour une foi qui abhorre la violence.

Car le Prophète, le Hashémite, n’a jamais eu l’initiative d’une guerre,

Mais a repoussé l’inimitié et réfuté l’ignorance. 

Telle est la nature primordiale de l’être humain, nature pacifique, qui est issue de la Niche de la Prophétie. Ce n’est pas un hasard si le détenteur suprême de cette Niche, le Prophète de l’Islam r, a dit : « Ne souhaitez pas la rencontre avec vos ennemis. Demandez à Allāh de vous en préserver et si vous devez les rencontrer, faites preuve de patience ». 

Conclusion

Pour terminer, je voudrais exprimer ma gratitude envers la Fédération Ansaroudine pour leurs efforts menés sous la tutelle du Calife Général Sīdī Aḥmad at-Tijānī ibn Ibrāhīm Niasse — qu’Allāh le préserve ! —, et qui ont permis de tenir une rencontre comme celle-ci. C’est par ce genre de conférences que l’on peut reconduire la communauté musulmane vers une compréhension de l’Islam comme étant une religion de paix qui transmet un message plein de miséricorde et d’amour. Et nous appelons tous nos frères musulmans et non-musulmans ici présents à retourner chez eux comme émissaires de la paix, de l’amour et de la miséricorde. 

Il n’y a pas de doute que lorsque les prêcheurs et les éducateurs réussiront à former les gens pour qu’ils soient vides de tout esprit partisan et de toute discrimination envers les autres, lorsque les gens seront liés par le respect mutuel, lorsque l’orgueil ne sera plus oppresseur, ni l’inégalité une frontière entre les différentes classes sociales, lorsque la tolérance et la justice seront les fondements du rapport entre les individus, lorsque la politique ne sera plus pratiquée dans le but de commander, de parvenir à certains postes ou d’exploiter les faibles, lorsque l’argent des riches sera utilisé pour régler les besoins des pauvres, lorsque nous construirons une société dans laquelle tous ses membres sont unis par l’amour mutuel, la miséricorde et la clémence, lorsque nul d’entre nous ne tombera dans l’extrémisme, le fanatisme et le terrorisme au nom d’une religion, d’une idéologie, d’une croyance ou d’une philosophie, lorsque les prêcheurs seront des émissaires de la paix et de la miséricorde, qu’ils répandront de bonnes nouvelles, ne feront pas fuir les gens par leur discours, seront des exemples d’entraide sur la place publique et accepteront les autres malgré leurs divergences de vue, lorsque nous serons réellement conscients du prix de la vie humaine et que la foi sera le plus grand frein à la violence, lorsque nous serons comme les miséricordieux mentionnés dans le ḥadīṯ : « Aux miséricordieux, le Miséricordieux fait miséricorde. Faites miséricorde à ceux qui sont sur terre, Celui qui est dans les cieux vous fera miséricorde », lorsque tout cela se réalisera, alors nous contemplerons une nouvelle aube de l’Islam, une nouvelle société sûre et pacifique, {vers laquelle tous les biens affluent en abondance de toutes parts} (Cor 16:112). Alors, la violence n’aura aucune place dans une telle société, qui ne pourra jamais être décrite comme un lieu où l’on verse le sang des innocents. 

Il ne nous est pas permis de terminer cette allocution sans répéter, avec notre seigneur, Šayẖ al-Islām, le Šayẖ Ibrāhīm Niasse — qu’Allāh soit pleinement satisfait de lui jusqu’au comble de la satisfaction et de nous par lui, āmīn ! —, ces vers qu’il a écrits :

Ô mon Seigneur, réjouis mon cœur en faisant que je voie

Qu’en ce siècle l’erreur disparaît complètement,

Et que l’étendard du Hashémite s’élève et tombe

Le drapeau de la mécréante et de la tyrannie. Qu’il s’élève donc

Vers Toi ! Je n’ai d’espoir qu’en Toi. Et si je devais obtenir

D’un autre que Toi ce que je souhaite, je ne l’accepterais pas.

Que la prière d’Allāh, ainsi que Son salut soient sur toi, ô Prophète !

Permets-nous à moi et mes compagnons de te prendre comme refuge. 

Que la prière d’Allāh, ainsi que Son salut soient sur toi,

D’un salut qui couvre les Compagnons du Prophète et sa Famille !

Que la paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde d’Allāh et Sa bénédiction. 

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